La Dame des Sépulcres

Sous le cimetière où l’ombre dort, sous un ciel de cendres voilé,
Une créature, née de la mort, erre, d’un éclat funèbre parée.
Ses yeux, deux gemmes d’améthyste, scintillent d’un feu interdit,
Et sa voix, tel un chant d’albâtre, ensorcelle les cœurs qu’elle ravit.

Nul ne sait d’où vient sa beauté, ni pourquoi les tombes l’abritent,
Son rire, un écho de l’éternité, fait trembler les étoiles qui s’effritent.
Ses cheveux, cascade d’onyx pur, dansent au gré des vents glacés,
Et ses lèvres, d’un rouge obscur, promettent des baisers effacés.

Sous les ifs, où le givre s’accroche, elle tisse son piège d’illusion,
Les hommes, attirés par sa proche, succombent à sa douce intrusion.
Un regard, un soupir, un frôlement, et leur âme s’égare en sa toile,
Leur cœur, pris dans l’enchantement, s’éteint sous l’éclat d’une étoile.

Ô pauvre amant, séduit par son charme, toi qui croyais l’aimer en vain,
Son étreinte n’est qu’une larme, un linceul tissé de chagrin.
Sur la pierre, où son ombre s’attarde, il repose, vidé de son sang,
Et la nuit, d’une voix qui s’égare, pleure son sort dans un chant strident.

Mais la dame, malgré sa splendeur, porte un deuil que nul ne comprend,
Son cœur, une crypte sans chaleur, saigne un amour que le temps défend.
Jadis, peut-être, fut-elle humaine, aimant sous un soleil doré,
Mais un pacte, une faute inhumaine, l’a damnée à jamais errer.

Chaque nuit, elle chante sa peine, aux tombes qui gardent son secret,
Sa mélodie, un glas qui s’enchaîne, résonne dans l’oubli discret.
Les étoiles, en leur froide distance, refusent de l’entendre gémir,
Et la lune, dans sa pâle constance, la voit s’éteindre sans s’attendrir.

Ô créature, toi dont la grâce tue, pourquoi ce destin si cruel ?
Ton charme, une flamme qui s’échoue, consume ton âme en son ciel.
Dans le cimetière, où l’ombre s’étend, tu danses, seule, sans rédemption,
Et ton chant, dans le vent qui s’entend, n’est qu’un cri pour l’absolution.

Que la brume enlace ton ombre frêle, que le silence soit ton repos,
Nul ne viendra briser ta querelle, ni sécher tes larmes de chaos.
Sous les ifs, où la mort t’enlace, ton nom s’efface dans la poussière,
Et la nuit, d’une voix qui s’efface, scelle ton deuil dans l’éternel hier.

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