Le Bûcher de l’Enchanteresse

Sous un ciel gris, où hurle un vent chargé de cendres noires,
Une femme danse, au firmament, dans l’ombre des mémoires.
Ses yeux, deux lacs d’émeraude vive, où pleure un astre ancien,
Portent l’éclat d’une âme captive, brisée par le destin.

On l’appelait sorcière, hélas, dans ce village austère,
Ses herbes guérissaient les âmes las, ses chants charmaient la mer.
Mais la peur, tel un serpent maudit, s’enroula autour des cœurs,
Et la foule, d’un cri avide, réclama ses pleurs.

Liée au pieu, sous les flammes viles, elle fixe l’horizon,
Ses lèvres closes, d’un souffle fragile, murmurent une oraison.
Les cordes mordent sa chair si pâle, son sang perle en silence,
Mais son regard, d’une force fatale, défie leur violence.

« Ô Dieu cruel, ou démon des cieux, pourquoi m’as-tu trahie ?
J’aimais la terre, ses fleurs, ses lieux, et l’homme que j’ai guéri.
Si mon savoir est crime en vos lois, que brûle donc ma voix !
Mais sachez, foules, que dans l’effroi, je renaîtrai cent fois. »

Les flammes lèchent sa robe sombre, la foule hurle son glas,
Le bois crépite, une sombre ombre s’élève dans l’au-delà.
Son cri s’envole, tel un corbeau, percant la nuit d’étain,
Et son esprit, libéré du tombeau, s’égare dans le lointain.

Sur la place, où la cendre fume, reste un écho brisé,
Un chant perdu, que la brume hume, un cœur à jamais nié.
Les étoiles, voilées de tristesse, pleurent sur son bûcher,
Et la forêt, dans sa sombre ivresse, murmure son éther.

Ô sorcière, toi dont l’âme erre, où nul ne peut t’atteindre,
Ton nom résonne, tel un éclair, dans l’ombre qui s’éteint.
Que la nuit garde ta fière flamme, que le vent porte ton deuil,
Car dans l’éternel, ton cœur proclame : la vérité n’a pas d’orgueil.

Previous
Previous

La Dame des Sépulcres

Next
Next

L’Ombre du Crépuscule