L’Ombre du Crépuscule

Sous l’éclat pâle d’un ciel d’ardoise, où pleure un astre mort,
L’ombre s’étend, froide et courtoise, et scelle mon remord.
Les saules pleurent sur la rive, leurs larmes dans le vent,
Et mon cœur, d’une plaie vive, saigne son noir tourment.

Ô amour perdu, doux mirage, toi qui fus mon été,
Ton rire danse dans l’orage, spectre d’éternité.
Tes yeux, jadis pleins de lumière, sont clos sous le linceul,
Et je demeure, solitaire, dans l’ombre du linceul.

La Seine coule, lente et sombre, charriant mes regrets,
Chaque vague est une ombre qui rompt mes vains décrets.
Les ponts, voûtés de brume épaisse, murmurent ton adieu,
Et la nuit, d’une voix traîtresse, me chante son aveu.

Dans les ruelles de Paris, où les étoiles s’effacent,
Je cherche en vain ton doux visage, que les ténèbres effacent.
Les réverbères, vacillants, n’éclairent que ma peine,
Et chaque pas, dans le néant, resserre ma chaîne.

Ô cruel destin, pourquoi m’as-tu ravi ce cœur si pur ?
Ton glaive tranche, sans salut, et brise mon armure.
Les cloches sonnent, glas funèbre, dans l’église endormie,
Et mon âme, sous leur ténèbre, s’abîme dans l’oubli.

Que vienne l’aube, ou que la nuit m’enlace à tout jamais,
Mon cœur, brisé, ne trouve appui dans aucun de ses attraits.
Sur la rive, où l’ombre s’attarde, je grave ton doux nom,
Et m’abandonne à la camarde, dans l’éternel frisson.

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